Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
XABBAR
27 juin 2007

L’UEMOA : le socle économique des États-Unis d’Afrique

par Elhadji Mor Ndiouga Diop | 20 juin 2007

image009

Face aux grands changements du système international survenus depuis la fin de la Guerre froide, les économies des États du monde se réunissent de plus en plus en vue de créer des zones économiques régionales d’envergure. L’Afrique de l’Ouest, à travers son projet d’intégration économique régionale, l’UEMOA, est arrivée à un niveau qui lui permet de rivaliser de dynamisme avec des projets comme l’Union Européenne, l’ASEAN, ou l’ALENA.

Considérée depuis des siècles comme la « honte de l’Humanité », notamment à cause des guerres, des famines, des ravages environnementaux, des maladies, l’Afrique subsaharienne semble vouloir sortir de ce gouffre dans lequel elle est tombée depuis si longtemps. Les nouvelles générations de leaders africains comprennent de plus en plus la nécessité de réunir leurs forces et leurs intérêts pour mettre leurs États au même rythme de croissance et de développement que les autres régions du monde. Le « combat » ne se situe plus au niveau intergouvernemental mais plutôt au niveau interrégional, c’est du système contre système : c’est la nouvelle donne du système international.

L’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), née en janvier 1994, est un projet qui se démarque du reste des initiatives sous-régionales par son dynamisme. L’optimisme dont font preuve les huit chefs d’États membres de l’organisation (Benin, Burkina Faso, Cote d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo), est certainement la clé de la rapidité par laquelle les décisions sont prises et les résolutions mises en œuvre. En exemple, en dix ans ces États ont quitté le stade des échanges préférentiels (un État donne des privilèges commerciaux à un autre) pour arriver aujourd’hui à la monnaie unique sous régionale (le Francs CFA), dont l’émergence a été facilitée notamment par le legs historique que constitue la zone franc.

Aujourd’hui l’UEMOA est un marché de plus de 80 millions d’individus, largement disséminés sur une superficie de quelque 3 millions de km carrés. Un gros marché qui favorise les échanges de biens et facilite la circulation des individus au sein de l’Union. Les politiques communes et la pléthore de programmes mis en place commencent à porter leurs fruits. L’UEMOA a enregistré une croissance nette de 4, 3 % en 2005, ce qui est déjà encourageant pour un projet de ce calibre (notamment si on considère la diversité des économies de cette région). Et cette fusion des économies nationales donne des résultats qui se reflètent, plus ou moins, au niveau du PIB national.

Malgré quelques petits problèmes de fonctionnement au début, liés notamment à la conversion des économies locales à l’économie de marché, la vitesse de croisière semble être prise pour un bon moment. Cette difficulté de reconversion des économies pose le problème de la compensation des pertes, principalement fiscales, liées à l’ouverture des marchés nationaux : par exemple là où un État enregistrait un produit avec des taxes élevées, l’adhésion à l’Union l’obligera à se conformer aux normes générales, qui dans le cas du libre échange sont conçues de sorte à favoriser la suppression totale des taxes sur certains produits. Le conflit ivoirien est aussi une des causes du ralentissement de la croissance de l’Union, si on considère le poids économique que représente ce pays dans la sous région.

À y regarder de plus près, on se rend compte que l’UEMOA a presque terminé son processus d’intégration économique (la dernière étape étant la monnaie unique, ce qui a déjà été réalisée avec le Franc CFA). Reste maintenant à oser grandir, et à amorcer l’ intégration politique en s’appuyant, si nécessaire, sur une fusion avec la Communauté Économiques des États de l’Afrique de l’ Ouest (CEDEAO), qui est une entité qui a déjà fait ses preuves sur le plan politique, avec par exemple la mise en place de l’ ECOMOG, la force d’interposition de la CEDEAO pour le maintien de la paix, et aussi la mise en place du passeport CEDEAO, qui est l’équivalent du Schengen en Europe.

Une autre alternative serait aussi de favoriser l’élargissement de l’Union en ouvrant la porte aux États qui émettent le désir de rejoindre le groupe, ce qui ne devrait pas être difficile vu le dynamisme et les résultats accomplis par l’UEMOA.

Pour ce qui est de la création des États-Unis d’Afrique, ce projet séculier qui dort toujours dans les tiroirs, une rationalisation des nombreuses communautés économiques existantes en Afrique (il y en a plus de huit), étape par étape, est nécessaire pour permettre, comme le dirait le Sage africain, « de traverser la rivière sans se mouiller ».

Publicité
Commentaires
Publicité
XABBAR
Publicité