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XABBAR

2 mars 2008

"Vers une nouvelle guerre froide Chine-USA."

 
Par Gérald Fouchet.
Gérald Fouchet est politologue, écrivain et journaliste.


La rivalité géostratégique croissante entre les Etats-Unis et la Chine pour la possession du Pacifique constitue une ligne de fracture mondiale très préoccupante et augure d'une "nouvelle guerre froide" plus dangereuse que la première.

La Chine réarme. Pourquoi ?

Les faits, d'abord, implacables : la République populaire de Chine est le pays au monde qui augmente son budget militaire dans les proportions les plus considérables : le 6 mars, Pékin a annoncé une hausse des dépenses de l'armée de 17,7% en 2001, ce qui les porte à 141 milliards de yuans, soit 19 milliards d'euros ou 120 milliards de francs. Les experts occidentaux estiment que les dépenses militaires réelles sont "deux à trois fois plus élevées que les chiffres officiellement avoués" (Le Monde, 07/03/2001). Cette progression brutale est la plus forte observée depuis vingt ans, et elle constitue la treizième hausse consécutive qui dépasse les 10 %. A l'inverse de l'Europe qui désarme et rogne sur ses budgets militaires, la Chine effectue donc un effort de réarmement et d'accroissement massif de sa puissance militaire, supérieur à celui de l'Allemagne entre 1933 et 1940 et à celui des USA après Pearl-Harbor.

Pourquoi ?

Depuis toujours, on sait qu'un pays qui réarme obéit à deux hypothèses : soit il se sent menacé et veut se protéger, soit il veut attaquer. Qui la Chine veut-elle attaquer ? Taiwan, pour la reconquérir ? Non, car elle n'aurait pas besoin de réarmer si fortement pour reprendre l'île ; et sa stratégie est celle de la "persuasion" : la Chine veut récupérer Taiwan en douceur ; une guerre ruinerait la juteuse économie de la province perdue, dont la Chine a besoin. Elle envisage Taiwan, comme une future "région autonome", à l'image de Hong-Kong selon l'adage célèbre "un seul pays, deux systèmes économiques". Le général Régis de Marsan, suggérait (in Le Soir 28/02/2001) "qu'il faut mettre en parallèle le budget militaire chinois avec la dépopulation de la Russie". Serait-ce donc la Russie que la Chine veut attaquer ? On sait qu'elle pourrait revendiquer une partie de la Sibérie orientale, où s'infiltrent ses migrants. On se souvient des combats sino-russes sur l'Amour des années 60. Là n'est pourtant pas la préoccupation géopolitique chinoise ; l'Empire du Milieu ne se sent nullement menacé par la Russie pas plus que par l'Inde (d'autant que les Russes lui fournissent toujours des armes, notamment les chasseurs-bombardiers Sukhoï.) Elle a intérêt à entretenir de bons rapports avec ces deux puissances continentales. Pour quelles raisons alors la Chine réarme-t-elle ? Parce que les Chinois subodorent la possibilité d'un conflit majeur, au XXIème siècle, avec la grande superpuissance thalassocratique : les Etats-Unis. La Chine, nation (comme la France) à la fois maritime et continentale a compris que le Pacifique, actuellement sous contrôle américain, allait devenir un lieu de friction majeur. N'oublions pas également que les deux superpuissances militaires à partir de 2015 seront les Etats-Unis et la Chine. Cette dernière prévoit donc une situation similaire à celle de la "guerre froide" Occident-URSS des années 1947-1991. Et, dans le cadre de ce réarmement, il faut savoir que la Chine n'accroît nullement ses effectifs terrestres (ce qui serait le cas dans l'hypothèse de conflits frontaliers continentaux) mais, comme par hasard, 1°) elle muscle sa flotte de haute mer et sous-marine - Pékin envisage le lancement de porte-avions - et son aviation ; 2°) elle améliore ses capacités balistiques et nucléaires, préparant aussi des satellites-espions militaires ; 3°) elle revalorise toutes les soldes, pour motiver son armée. Les Chinois se préparent donc bien à un conflit de type "post-moderne", centré sur la guerre électronique, les missiles, les avions, les sous-marins et les satellites, un conflit qui aurait inévitablement un aspect (partiellement) nucléaire. Le Pentagone s'en est parfaitement rendu compte.

Les vraies raisons du bouclier anti-missiles américains.

Au mépris des accords de désarmement nucléaire SALT - et en désaccord formel avec la Chine, la Russie et la France - M.G.W. Bush veut doter son pays d'un bouclier d'intercepteurs anti-missiles (NMD) capables d'abattre en vol d'éventuelles têtes nucléaires lancées contre le territoire américain (1). Il rompt par là "l'équilibre de la terreur", qui a évité toute guerre atomique grâce à la "destruction mutuelle assurée" (MAD, mutual assured destruction) ; cette dernière repose sur un pacte implicite entre puissances nucléaires, selon lequel l'agresseur, en étant certain d'être foudroyé par une riposte atomique, est dissuadé de lancer ses bombes A ou H. Mais, si un pays - en l'occurrence les USA - possède un bouclier anti-missiles, il peut se permettre tout type de guerre contre une puissance nucléaire sans craindre de riposte sérieuse.

Les commentateurs de la presse internationale affirment que les Américains veulent se protéger contre d'éventuelles frappes balistiques atomiques "d'Etats-voyous" ou "Etats-terroristes" (rogue States), c'est-à-dire la Corée du Nord, l'Iran, l'Irak, la Lybie, etc. Les services de presse de la Maison Blanche confirment évidemment cette version. Pourtant, elle est peu crédible. Les pays susmentionnés ne sont pas fous ni suicidaires. Ils savent qu'ils ne sont pas de grandes puissances mondiales. Dans l'hypothèse (hautement improbable) où ils pourraient se doter de missiles nucléaires à longue portée capables d'atteindre les USA, ils ne prendraient pas le risque stupide d'une agression qui provoquerait sur leur sol une riposte dévastatrice. En réalité, tout indique que le Pentagone envisage un affrontement majeur avec la Chine dans les vingt ans, et entend se donner les moyens de frapper (pas forcément atomiquement d'ailleurs) sans risque de contre-offensive nucléaire sur le territoire américain. Bref, la thèse que nous proposons est la suivante : le NMD, le bouclier anti-missiles américain, est probablement destiné à protéger les USA d'une menace atomique chinoise. La logique de la dissuasion nucléaire s'apparente à la fois au jeu d'échec, et aussi, au jeu de go : les dirigeants américains savent très bien (et nous en parlerons plus bas) que la Chine, compte tenu de ses 1,25 milliards d'habitants, craint beaucoup moins qu'eux les frappes nucléaires. Sa protection est sa démographie. Ce projet américain de défense anti-missiles balistiques (NMD) défendu par l'administration Bush, est considéré en Chine comme une mesure agressive, presque un casus belli. Traditionnellement, contrairement aux Occidentaux, les Chinois emploient un langage très diplomatique et masquent toute hostilité de langage. Quand cette dernière apparaît, c'est que les choses sont graves. Sha Zukang, le négociateur chinois sur le désarmement, pouvait déclarer : "Les Etats-Unis auront une position à la fois défensive et offensive. Je ne crois pas que les autres puissances nucléaires toléreraient une supériorité et une sécurité américaines absolues, alors qu'elles se sentiraient dans une situation d'insécurité absolue." Il récidiva en ces termes au cours d'une conférence de presse au Canada : "Je hais le NMD, produit d'une mentalité américaine de guerre froide, de gens qui se cherchent de nouveaux ennemis, la Chine peut-être..." Et puis, il eut cette phrase, très calculée, mais lourde de menaces : "La Chine est trop grosse pour que les Américains l'envoient sur la Lune. Les Chinois sont sur la terre depuis 5 000 ans et y resteront à jamais." Enfin, signe aussi inquiétant, l'influent Teng Jianqun, rédacteur en chef de l'officiel World Military Review écrivait à demi-mot, toujours à propos du NMD, le bouclier spatial anti-missiles nucléaires américain, que ce dernier était en fait destiné à préparer une guerre contre la Chine ; il notait : "quand un pays prépare une confrontation avec la Chine dans l'espace, nous devons y prêter une grande attention."

N'oublions pas ce fait central, que la thalassocratie américaine en dépit de son discours officiel ultra-pacifiste et humanitariste est une "nation impériale" fondée sur la guerre et la fonction militaire. Les USA ont besoin de la guerre (la "guerre juste", la croisade contre les méchants, évidemment), non seulement pour des raisons économiques - l'industrie d'armement est une locomotive techno-industrielle et financière - mais pour maintenir leur statut mondial de "protecteurs-dominateurs" du monde. Depuis 1941, les USA sont le pays au monde qui a mené le plus grand nombre d'opérations militaires et de bombardements hors de ses frontières. Mais sans jamais craindre pour l'intégrité de son territoire. Là, les choses changent : ils n'ont plus affaire à des petits pays, Vietnam, Panama, Serbie, etc. mais à l'énorme Chine, terrifiant challenger qui, avec ses 1,25 milliards d'habitants, peut supporter les saignées de frappes nucléaires, et qui se dote actuellement de missiles à longue portée ! La perspective est bien pire que face à la défunte URSS. Rompant radicalement avec la politique de Clinton, le Président Bush junior a déclaré, début mars, ce que la presse a très peu relevé, mais qui est pourtant capital : "La Chine est une rivale et non un partenaire stratégique." Une guerre aura peut-être pour théâtre et enjeu central le Pacifique et opposera éventuellement les USA et la Chine, d'ici 2010. Quel en sera le prétexte, sur quels litiges éclatera-t-elle ? Pour l'instant, nul ne le sait. Mais, à l'inverse des myopes et imprévoyants politiciens européens qui "n'ont plus d'ennemis", qui ne se sentent plus menacés par personne, qui désarment, pour qui la fonction militaire n'est plus qu'une force de police d'interposition humanitaire, les stratèges américains ont lu Clausewitz ; ils raisonnent à long terme et savent que la guerre est toujours possible, demain, entre deux puissances majeures même si, aujourd'hui, on n'en connaît pas les prétextes exacts. Cela dit, l'enjeu global d'un tel affrontement, nous le devinons facilement : c'est la domination de l'Océan pacifique.

Analyse des formes d'un conflit naissant.

Donc un conflit majeur pour la suprématie entre la Chine et les Etats-Unis est probable, mais non certain, pour le XXIème siècle. En tous cas, une rivalité constante au cours du XXIème siècle est absolument évidente. Elle prendra soit les formes de conflits ouverts, soit d'une tension permanente, avec toujours le risque de frappes nucléaires. Toute la question est de savoir quel camp choisiront l'Union européenne, la Russie, l'Inde et les Etats musulmans. Quoi qu'il en soit, une nouvelle guerre froide commence. La Chine apparaît comme le surgissement dans l'histoire d'une future hyper-puissance telle que l'humanité n'en a encore jamais vue. Le regretté Alain Peyrefitte dans son ouvrage "Quand la Chine s'éveillera" l'avait prédit : la Chine sera au XXIème siècle un Etat unifié représentant 1/5ème de l'humanité. Jamais un cas semblable ne s'était produit.

Quels sont les rapports entre Pékin et la nouvelle administration républicaine et pourquoi se dégradent-ils ? Beaucoup plus que du temps de Clinton, l'entourage de Bush redoute la montée en puissance militaire de l'Empire du milieu. Quian Qichen, vice-premier ministre, conseiller diplomatique du chef de l'Etat et du PC chinois, s'est rendu à la Maison Blanche le 22 mars. La Chine n'étant plus, selon les déclarations de M. Bush, un "partenaire stratégique" mais un "concurrent stratégique", Pékin tente de désamorcer la méfiance américaine, selon la technique du jeu de go : endormir puis étouffer l'adversaire plutôt que de le provoquer ; pratique traditionnelle en Chine depuis les Empereurs Ming, où selon le précepte de Lao-Tseu, repris par Mao, il faut toujours "sourire à son ennemi le plus dangereux et montrer les dents à son plus petit ennemi." La Chine tente donc d'apaiser les craintes du grand rival américain, mais ne se gêne pas pour couvrir Taiwan d'invectives. Pourtant, un document interne au PC chinois de mars 2001, postérieur à l'élection de M. Bush, révèle que le but géostratégique de la Chine est de "contrer le développement de l'hégémonisme et de la loi du plus fort." Que signifie cette formule sibylline ? Les Chinois ont le temps, ils calculent toujours à long terme. Leur objectif est, dans un premier temps, non seulement de récupérer Taiwan, l'île rebelle, pour des raisons autant économiques que politiques, mais aussi, dans un deuxième temps, de distendre les liens protecteurs entre les USA et leurs deux principaux alliés asiatiques : la Corée du Sud et le Japon. Dans un troisième temps, la Chine entend reprendre la maîtrise du Pacifique, commerciale et militaire - y compris sur l'Australie où elle encourage une immigration chinoise - en s'efforçant notamment de faire fermer les bases américaines comme celle d'Okinawa. La Chine se donne environ vingt ans pour atteindre cet objectif. Or ce dernier est aussi inacceptable pour les USA qu'une alliance géostratégique, hors de l'Otan, entre l'Europe péninsulaire et la Russie ("Eurosibérie"). Le double cauchemar du Pentagone, c'est que la thalassocratie américaine se voie éliminée du Pacifique par la Chine, et du continent euro-russe par une remontée en puissance de la Russie, alliée à une Union européenne rompant avec l'Otan. Mais rien ne pourra détourner la Chine de sa visée sur le Pacifique où elle veut se substituer au protecteur américain. Elle sait qu'économiquement et géostratégiquement le Pacifique - autour duquel vivront en 2020 les deux tiers de l'humanité - sera au XXIème siècle ce que furent la Méditerranée et l'Atlantique pour d'autres siècles. La Chine préférerait évidemment obtenir cette hégémonie qui la consacrerait comme superpuissance sans conflit avec les USA. Mais un conflit ne lui fait pas peur.

La nouvelle position américaine est la suivante : si la Chine, dont les ambitions semblent démesurées, rompt la pax americana dans le Pacifique, ce sera un casus belli. L'administration Bush entend que la Chine reste une "puissance intermédiaire", comme l'Inde ou le Japon. Or, les Américains ont commencé à passer à l'offensive : on se souvient du bombardement "accidentel" de l'ambassade chinoise à Belgrade, qui était destiné à tester le niveau de riposte de Pékin, d'après les services secrets italiens. Plus récemment, ils accusent la Chine d'aider technologiquement ce "rogue State" (Etat voyou) que constitue l'Irak, ce qui est probablement une accusation fondée. Ils envisagent de vendre à Taiwan des frégates anti-missiles munies du système radar Aegis, (à la suite de la vente par la France des frégates La Fayette), ainsi que des missiles (pour contrer les récentes fusées M9 et M11 pointées par la Chine sur sa côte méridionale), qui rendraient difficile une attaque contre l'île ; ils bloquent l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), de peur d'être submergés par les produits agricoles chinois subventionnés. Et, fin mars 2001, les Etats-Unis décidaient de parrainer une résolution devant la commission des droits de l'homme de l'ONU qui siégeait à Genève pour "condamner les graves violations des droits de l'homme en Chine."

Un autre point litigieux, assez explosif, mérite d'être mentionné : la question capitale de la réunification des deux Corées, inévitable à long terme, du fait du désastre constitué par le régime de Pyongyang. Pour l'instant, Pékin soutient à bout de bras le régime de Kim Jong Il. Son objectif est la création d'une Corée réunifiée sous la houlette chinoise, avec un système "capitaliste autoritaire" comme à Hong-Kong. L'objectif américain est apparemment proche, mais totalement inverse : la création d'une Corée unique, puissance économique et militaire conséquente, sous hégémonie américaine. Le but des USA est clair : intimider la Chine et la contenir par trois "révolvers" et concurrents braqués contre elle, le Japon, la Corée et Taiwan. Pékin, vis-à-vis de ces Etats essaie de jouer de l'argument de la "solidarité ethnique" des Asiatiques face aux Occidentaux.

Un autre point de friction est le Vietnam. Washington a perdu la première manche, puisque, grâce à l'aide chinoise, le Vietnam du Nord a infligé à l'Oncle Sam la première défaite militaire de son histoire. Mais les USA veulent prendre leur revanche, une revanche "pacifique", mais qui suscite l'exaspération du PC Chinois : aider le Vietnam à se "décommuniser", en faire un pays capitaliste qui revienne dans le giron américain. L'impéritie économique et les besoins financiers du régime de Hanoi vont dans le sens de la stratégie américaine, d'autant que les Vietnamiens sont historiquement très méfiants vis-à-vis des Chinois, avec lesquels ils ont connu des affrontements militaires sporadiques (victorieux pour les Vietnamiens) sur la frontière nord, après la réunification.

Vers un nationalisme capitaliste chinois.

L'essentiel est de comprendre que, dans toute l'histoire de l'humanité, la cause des conflits et des guerres n'a jamais été principalement idéologique, mais nationaliste. La guerre froide entre l'Occident et le communisme n'a jamais dégénéré en guerre chaude, parce qu'au fond, le conflit était d'abord idéologique, entre le communisme et le capitalisme. En revanche, la Seconde guerre mondiale a débuté, on l'oublie trop souvent, non pas par une lutte entre le national-socialisme allemand, le fascisme italien, les démocraties occidentales et le communisme, mais sur une rivalité nationaliste et géopolitique des pays européens : Allemagne, Russie, France, Royaume-Uni, etc. L'idéologie n'intervient que comme prétexte, comme "dérivé" aurait dit le sociologue Pareto. De même aujourd'hui, ce qui est très inquiétant dans la rivalité naissante entre la Chine et les USA, c'est qu'il ne s'agit plus d'un conflit idéologique entre le communisme chinois et le capitalisme américain, logique totalement dépassée, mais du retour à une rivalité géopolitique classique de puissances. La Chine ne cherche plus du tout, comme du temps de Mao, à défendre le messianisme communiste, à exporter son modèle en Extrême-Orient, ni à prendre la tête d'une croisade des pays pauvres contre le capitalisme occidental. La Chine a troqué le communisme contre le nationalisme. Son objectif, très rusé, est double 1°) Conserver un régime autoritaire à parti unique, militariste, dans le but de devenir la première puissance mondiale vers 2020. 2°) Pour davantage d'efficacité, le PC Chinois a décidé, sous la présidence de Jiang Zemin, de passer progressivement à une économie capitaliste (à deux vitesses, note) - ce qui inquiète le Pentagone, puisque les USA ont fini par comprendre qu'un adversaire avec une économie de marché était plus performant et dangereux qu'un adversaire au communisme paralysateur. A ce niveau, les Américains sont pris dans le filet d'un douloureux dilemme : en commerçants ataviques, ils ne peuvent pas faire autrement que d'investir dans le marché chinois, qui est appelé à devenir colossal (les USA sont le premier investisseur étranger), mais, ce faisant, ils renforcent le régime, contribuent à moderniser le géant, à accroître sa richesse (et donc ses capacités techno-militaires) et à se fabriquer un redoutable concurrent commercial, capable d'entraîner le Japon dans son orbite.

Un des atouts américains est que Pékin est pour l'instant mal vu de ses voisins asiatiques ; ils préfèrent de loin une hégémonie américaine à une hégémonie chinoise, qui serait beaucoup plus brutale. C'est pourquoi, le PC chinois ne cesse de multiplier les déclarations de bonnes intentions envers tous les pays de la région, à commencer par le Japon, auquel sont ouvertes les portes des investissements en Chine du Sud.

L'aggravation des relations sino-américaines.

Le litige le plus crucial et le plus dangereux porte sur la capacité chinoise à se doter de missiles nucléaires de longue portée. La Chine a procédé, depuis 1990, à un accroissement constant de ses performances spatiales à partir des fusées Longue Marche (inspirées de la technologie soviétique), capables de satelliser plusieurs tonnes. Cela veut tout simplement dire que la Chine teste aussi par là des vecteurs intercontinentaux ICBM, simples ou "mirvés" (2), capables d'atteindre les USA. La technique balistique militaire fait appel, en effet, aux mêmes ressources et connaissances que les programmes de satellisation.

Les relations sino-américaines se sont encore aggravées le 23 mars 2001 par la défection aux USA d'un officier supérieur, un colonel de l'Armée populaire de libération (APL). Pis encore : son épouse a trouvé refuge aux USA par l'entremise de l'ambassade américaine à Pékin, ce que les Chinois considèrent comme une humiliation et un "incident grave." Et quant à la visite de Qian Qichen, vice-premier ministre chinois, à la Maison-Blanche, le 22 mars, que nous évoquions plus haut, elle fut un échec notable, puisque les Chinois n'y ont pas obtenu la renonciation américaine à la vente à Taiwan d'un bouclier anti-missiles Aegis (3). Ce point était pourtant crucial pour Pékin. M. Bush et son secrétaire d'Etat, le "faucon" Colin Powel, grand artisan de la Guerre du Golfe, entendent appliquer à la lettre le Traité de protection de Taiwan signé en 1979 (4), alors que M. Clinton était prêt à négocier une éventuelle réunification en douceur, selon un "processus à la Hong-Kong".

Un autre grave contentieux entre Pékin et Washington, très peu connu du public et peu évoqué par la presse européenne, porte sur l'interdiction par le PC de la liberté religieuse, et notamment sur la discrète répression du christianisme. En septembre 2000, une campagne de destruction des églises par dynamitage aurait commencé. Plusieurs milliers d'édifices ont été détruits, prétendent les Américains ; ce que nient évidemment les dirigeants chinois. C'est une des raisons pour lesquelles l'administration Bush vient d'accuser la Chine devant le comité des droits de l'homme de l'ONU, réuni à Genève (voir plus haut). Pour les dirigeants chinois, cette insistance américaine sur les "droits de l'homme" dans leur propre pays, cette critique constante du caractère "dictatorial" et "répressif" de leur régime constitue, selon le terme consacré, une "insupportable ingérence", une humiliation, qui rappelle l'époque semi-coloniale des "traités inégaux" et des "concessions territoriales" du début du XXème siècle. Les Chinois ont été extrêmement vexés par la déclaration suivante de M. Bush (lors de la visite, citée dans cet article, de M. Qian) : "Nos invités ne seront pas surpris si je dis que je crois à la liberté religieuse et qu'il serait sans doute beaucoup plus facile d'aller de l'avant de manière constructive dans nos relations si nos interlocuteurs honoraient les libertés religieuses à l'intérieur de leurs frontières." (5) Pour les Chinois, il s'agit là, non seulement d'ingérence, mais d'impérialisme moral. Exigent-ils, eux, des Etats-Unis et de l'Occident, qu'ils appliquent les règles culturelles chinoises ? Soulignons là, d'ailleurs, une divergence philosophique et idéologique fondamentale entre la Chine et l'Occident - plus particulièrement les USA. On sait que, dans l'histoire, les cassures philosophiques entre les civilisations, les "ruptures de vision du monde", selon l'statement du politologue Julien Freund alimentent les inimitiés, et attisent les conflits géostratégiques. Cette divergence ne porte nullement sur le choix d'un système socio-économique (du type communisme contre capitalisme), ce dont les Chinois, en bons pragmatiques, se moquent. Elle porte sur l'éthique universaliste des droits de l'homme et de la démocratie à l'occidentale que les dirigeants chinois contestent absolument. En disciples de Confucius et de Lao-Tseu, bien plus que de Marx, les Chinois prônent le relativisme et non l'universalisme. Pour eux, la notion de démocratie et la philosophie des droits de l'homme ne sont applicables qu'à l'Occident, pas aux autres aires civilisationnelles. De plus, ils contestent la pertinence de ces notions, arguant que les Etats-Unis eux-mêmes - donneurs de leçons - ne respectent pas leurs propres principes hypocrites, par exemple en bombardant la Serbie ou l'ambassade de Chine à Belgrade.

En conclusion.

N'oublions pas que la Chine et les Etats-Unis s'étaient déjà affrontés militairement en 1951, pendant la guerre de Corée, et indirectement, pendant la guerre du Vietnam. On remarquera que jamais les Etats-Unis et l'ancienne URSS ne s'étaient affrontés directement.

Les deux grandes lignes de fracture et de risques de conflits du XXIème siècle concerneront un affrontement Islam-Europe et Islam-Inde d'une part, et Chine-USA d'autre part.(Islam Occident Chine USA)

Comme l'a démontré Alexandre Del Valle dans deux de ses récents ouvrages, et dans plusieurs de ses articles universitaires, la politique étrangère américaine vise à neutraliser les rivaux européens et russes en jouant la carte de l'Islam, comme la guerre de Serbie l'a démontrée. Mais les USA ont une préoccupation plus grave sur leur flanc ouest : neutraliser la Chine. Ils se sentent donc une île thalassocratique encerclée, obligée de contrôler le Grand Continent menaçant. Il y a une constante dans l'histoire des guerres, qui obéit à un étrange paradoxe, que les géopoliticiens nomment "le paradoxe de la Guerre de Troie." Il peut se formuler ainsi : les guerres ouvertes éclatent entre deux puissances ou deux coalitions sur des prétextes particuliers et imprévisibles, qui ne sont jamais les causes fondamendales ; ces dernières sont une rivalité globale, stratégique, économique, ethnique, etc. qui ne cherche qu'une étincelle, au fond secondaire, pour dégénérer en conflit ouvert. La fameuse Guerre de Troie immortalisée par Homère, opposait en fait les jeunes cités gréco-achéennes à la ville-Etat de Troie, installée près du Bosphore, et redoutable rivale commerciale et militaire. Le prétexte futile du déclenchement des hostilités et de l'expédition d'Agamemnon fut une jalousie amoureuse (l'enlèvement de la belle Hélène par les Troyens). Mais la véritable cause du conflit était la volonté géostratégique des Grecs d'éliminer leurs concurrents orientaux et de s'approprier la mer Egée.

Bien des guerres peuvent s'analyser selon cette grille, qui distingue les prétextes des causes essentielles, des toiles de fond. Or, dans le cas du conflit potentiel Chine-USA, nous pouvons repérer une toile de fond structurelle extrêmement chargée en hostilité : rivalité pour l'hégémonie sur le Pacifique ; crainte des USA, devenus unique superpuissance, de voir réémerger un concurrent autrement plus dangereux que la défunte URSS, parce que beaucoup plus peuplé, et parce que puissance à la fois continentale et maritime, ce que n'est pas la Russie ; crainte aussi des Américains de la concurrence économique et technologique mondiale de l'Empire du Milieu et de sa formidable masse démographique ; renouveau du nationalisme chinois qui prend conscience de son immense puissance et qui a une dette à régler, une revanche à prendre contre un Occident qui l'aurait humilié depuis le début du XXème siècle avec les "traités inégaux". Etc.

Bref, la "toile de fond" conflictuelle est particulièrement dangereuse. Le contentieux Chine-USA est beaucoup plus lourd que l'ancien contentieux USA-URSS, parce qu'il est géostratégique et non plus idéologique, et aussi parce qu'il s'apparente, comme l'a vu Samuel Huntington, à un choc de civilisations.

C'est pourquoi, comme les guerres franco-allemandes des XIXème et XXème siècles, qui pouvaient éclater sous n'importe quel prétexte, on ne peut pas dire que le "problème de Taiwan" sera nécessairement la cause d'un affrontement. Tout autre prétexte peut surgir. L'avenir est toujours ouvert, tout est possible. D'ici à 2020, la rivalité sino-américaine ne fera que s'accroître, comme un baril de poudre qui ne cesse de se remplir. Mais nous ne connaissons pas le nom de la mèche qui le fera exploser. Pour résumer cette analyse, nous dirons qu'un affrontement global entre l'Amérique du Nord et la Chine constitue un des risques majeurs au XXIème siècle, sans que nous puissions savoir le prétexte de son éclatement, ni la forme qu'il prendra. Quoi qu'il en soit, un esprit philosophique pourrait remarquer que nous allons assister au XXIème siècle à l'affrontement de la plus ancienne civilisation du monde (la Chine), un peuple long vivant et homogène, selon l'statement de Raymond Ruyer, et de la plus récente (l'Amérique), qui est d'ailleurs davantage une société qu'une civilisation historique, un peuple hétérogène et court-vivant.

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7 février 2008

France-Tchad : le vrai deal politique

xin_38231a4958994201a3c8d200424a0107Le conflit qui a éclaté entre les forces rebelles tchadiennes et le gouvernement d’Idriss Deby commence à trouver une issue, on peut dire, prévisible. Apres une déstabilisation du régime tchadien par les rebelles, le gouvernement français à décider, enfin, de voler au secoure de son allié tchadien. En retour, il demande l’amnistie des activistes de l’Arche de Zoé au président Deby. Le deal politique a tenu ses promesses.

 

Arche de Zoé ou l’histoire des commandos humanistes

 On se rappelle de cette histoire fortement médiatisée des activistes de cette association française humanitariste, l’Arche de Zoé. Ceux-ci avaient enlevé quelques 103 enfants « orphelins » du Darfour pour les amener en Europe et leurs offrir un avenir meilleur ; Pour la réussite de l’opération, il a été nécessaire d’implanter de faux bandages et des maquillages aux enfants pour leurs faire passer la frontière. Cependant, tout ceci était effectué à l’insu du gouvernement tchadien, et par conséquent, juridiquement interdit. Les participants à cette opération « commando » ont été capturés par la police locale et ont été accusés de « tentative d'enlèvement de mineurs tendant à compromettre leur état civil, faux et usage de faux en écriture publique et grivèlerie ». Ce qui a amèné la justice tchadienne à les condamner à 8 ans de travaux forcés. Connaissant les conditions de détentions au Tchad, le gouvernement français a battu des mains et des ailes pour les faire rapatrier en France pour purger leur peine.  Ils ont été rapatrié le 28 décembre 2008 en France et seront condamné par la suite à 8 ans de prison ferme. La sentence, selon les familles, ne reflète pas le vrai visage de la justice française.

 

 L’accord militaire ou l’exigence de défense

 Le Tchad et la France ont signé en 1986 un accord de défense qui se résume à la « sauvegarde de l’intégrité territoriale du Tchad ». En d’autres termes, le Tchad, en cas d’attaque extérieur ou intérieur (rébellion) pourrait compter sur son allié français pour rétablir la stabilité politique et la défense de l’intégrité du régime en place. Si on se rappel bien au printemps 2006 , suite à une attaque des rebelles la France était intervenu dans un cas similaire pour sauver le régime en place. Et cette entente bilatérale étant toujours en vigueur, le pouvoir tchadien a su en profiter pour faire face aux mouvements rebelles qui s’étaient regroupé sous un Commandement Militaire Unifié (CMU), réunissant une bonne partie des forces rebelles, armées de lance roquettes et a bords de pick up munis de mitrailleuses embarquées. C’est par millier qu’ils ont assailli la capitale tchadienne qui s’est embrasée durant la matinée du 2 février. Inquiètes de la situation, la France et les chancelleries étrangères avaient commencé à organiser le rapatriement de leurs ressortissants. Pour ce faire, une zone de sécurité a été implantée autour de l’aéroport international de Ndjamena. C’était une priorité plus ou moins stratégique. En fait c’était aussi une manière de protéger les chasseurs et les hélicoptères de combat de l’armée tchadienne stationnés sur le tarmac (des Mil Hind. russe, Antonov ukrainien, et des chasseurs Mirages français). Ceci accompagné d’une ferme décision de riposte en cas d’attaque. Cette présence était décrié par les forces rebelles comme étant une ingérence dans les affaires internes du Tchad.

 

La France protége le régime tchadien et Deby amnistie les français

 Au premier jour du conflit, dans la matinée, les deux chefs d’Etat, Idriss Deby et Nicola Sarkozy, se sont entretenu longuement au téléphone, rapporte le service d’information de l’Elysée. Ceci explique cela. On pourrait facilement comprendre que le deal a eu lieu à ce moment précis le président tchadien commençait à perdre le contrôle de Ndjamena (la garde présidentielle ripostait aux attaques rebelles depuis la présidence à l’aide de tanks) et il avait besoin d’une intervention militaire pour desserrer l’étau. Ce qui n’a pas tardé à tomber avec la mise en alerte du Conseil de sécurité des Nations Unies, dont la France est membre, et la condamnation ferme des attaques rebelles. L’appui supposé du gouvernement de Khartoum aux rebelles , a sans doute accéléré le processus .Cette déclaration du Conseil de Sécurité, validait en quelque sorte l’application effective de l’accord de défense et cautionnait implicitement l’intervention de l’armée française pour rétablir l’ordre. Le président Sarkozy a été clair, « si la France doit faire son devoir elle le fera », en d’autres termes la France, en vertu de son entente militaire bilatérale avec le Tchad, défendra l’intégrité du régime en place. Apres cela on comprend que le régime de Deby n’a plus trop  à s’inquiéter , si on sait qu’actuellement il y a quelque 1450 soldats français sur place , bien équipés , et  prêt à intervenir en cas de besoin.

Reste au président tchadien à faire sa part, en graciant les activistes de l’Arche de Zoé. Ce qui devrait plus tarder, comme il le déclare lui-même lors de sa première conférence de presse après l’attaque, « si la France le demande, il n'est pas impossible que j'étudie cette question, puisque l'amnistie figure dans mes attributions présidentielles».  Les avocats des inculpés s’activent à Paris pour la mise en marche des procédures d’amnistie.

 Le ministre français de la Défense a effectué mercredi une visite à Ndjamena aux forces françaises sur place et au président Idriss Deby, visiblement en forme.


 

Image : Xinhua

7 février 2008

22ÈME ANNIVERSAIRE DE LA DISPARITION DE CHEIKH ANTA : Grandeur d’un homme à dimensions multiples

                                          

Vingt-deux ans déjà que Cheikh Anta Diop n’est plus. Ce savant sénégalais qui a donné son nom à l’Université de Dakar vit le jour en 1923 dans un petit village du Sénégal, Caytou dans la région de Diourbel. Intellectuel, chercheur et homme politique, il a oeuvré pour le retour de la conscience historique de l’Afrique. Dans ses thèses qui ont remis en cause la recherche naguère consacrée, il a toujours soutenu l'antériorité de la civilisation africaine.

Cheikh Anta s’est battu durant son existence pour rendre à l’Afrique le rôle que l’Occident lui a volé dans la civilisation universelle. Il a lutté contre "la vision d'une Afrique anhistorique et atemporelle, dont les habitants, les Nègres, n'ont jamais été responsables, par définition, d'un seul fait de civilisation, s'impose désormais dans les écrits et s'ancre dans les consciences". Il a développé beaucoup de thémes. Le premier est "l'origine de l'homme et ses migrations".
Par là, il a révélé que l’Afrique reste le berceau de l’humanité. Ainsi, il a tracé le processus de différentiation biologique de l’humanité, de sémitisation, et l'identification des grands courants migratoires et la formation des ethnies africaines. Le deuxième thème reste la parenté qui existe entre l’Egypte ancienne et l’Afrique noire. Il a commencé par le peuplement de la vallée du Nil, en passant par la genèse de la civilisation égypto-nubienne, la parenté linguistique, la parenté culturelle et pour finir sur les structures socio-politiques. "L'apport de l'Afrique à la civilisation" ce thème était celui de sa conférence de Niamey. Il a rendu à l’Afrique ce qui lui revient de droit et que l’histoire lui a refusé. Il s’agit : "De la métallurgie, l'écriture, les sciences (mathématiques, astronomie, médecine...), les arts et l'architecture, les lettres, la philosophie, les religions révélées". Pour Cheikh Anta, "l'Égypte marque le début de la civilisation".
A l’en croire, "tous les savants de l’Occident avant Jésus ont fait l’école de l’Egypte à savoir Pithagore, Thales, Archimède, Platon, Socrate" pour ne citer que ces derniers. Malheureusement, ces derniers n’ont pas été reconnaissants car dans leurs écrits, ils n’ont pas eu la latitude de mentionner leur source. C'est dans ce contexte hostile et obscurantiste que Cheikh Anta Diop, par une investigation scientifique méthodique, a remis en cause les fondements même d'une certaine recherche occidentale relatifs à la genèse de l'humanité et de la civilisation. La renaissance de l'Afrique était au centre de ses positions scientifiques. "La restauration de la conscience historique, m'apparaît comme une tâche incontournable à laquelle je consacrerai ma vie" a-t-il affirmé. Contre vents et marées, Cheikh a résisté et a réussi à se faire entendre. Lors d'une de ses conférences à Niamey en 1984, dans une salle remplie d’Africains, il leur a fait comprendre qu’au-delà "du berceau de l’hamanité", ils sont les précurseurs de "la civilisation universelle". Il a servi des réponses aux historiens de l’Occident. C’est le cas du Britannique Arnold Toynbee qui disait que "l'Afrique noire ne constitue pas un champ historique intelligible".
A ce dernier s’ajoute l'anglo-saxon Basile Davidson avec sa question : "Le Noir est-t-il un homme sans passé ?" Pour Cheikh Anta, c’est l’homosapien-sapien qui a traversé le détroit de Gibraltar pour répandre sa civilisation en Europe. Il a rendu compte de l'évolution des peuples noirs africains, dans le temps et dans l'espace. Pas n’importe comment. Il a respecté l’ordre des choses depuis le début de l’humanité jusqu’à la rencontre des civilisations.

Intellectuel, chercheur et homme politique

Le Pr. Cheikh Anta Diop a publié plusieurs oeuvres majeures dont "Nations nègres et culture" en 1954, "l’Unité culturelle de l’Afrique noire" en 1959, "Parenté génétique de l’Egyptien pharaonique et des langues négro-africaines" en 1977. Chercheur, il a fondé en 1966 un laboratoire de datation des échantillons archéologiques par la méthode du radiocarbone, en collaboration technique avec le laboratoire de Gif-sur-Yvette du Commissariat à l’Energie atomique (France).
Comme homme politique et adversaire de l’ancien président Léopold Sédar Senghor, il a créé successivement trois formations politiques : le Bloc des masses sénégalaises (BMS) en 1961, le Front national sénégalais (FNS) en 1963 et le Rassemblement national démocratique (RND) en 1976.

28 décembre 2007

UE-Afrique : non aux paternalistes européens et oui aux partenaires asiatiques

portugal2007_432En allant au sommet de Lisbonne qui s’est tenu du 8 au 9 décembre dernier, les chefs d’Etat africains sont arrivés avec un message clair destiné aux dirigeants européens : “on veut coopérer d’égal à égal; si vous ne le comprenez pas, l’Orient n’est pas loin”. Fini les APEs et autres vestiges du colonialisme, on veut tourner la page de cette période sombre des relations UE-Afrique.

“Nous ne voulons plus de paternalisme”. C’est en ces termes que le premier ministre marocain a résumé la nouvelle vision de coopération des pays africains. En fait tous, presque d’une seule et même voix, ont défendu la cause africaine pour changer les termes du partenariat Europe-Afrique qui a montré, à travers les siècles, rien qu’un désir de sauvegarde des privilèges économiques traditionnels et de maintien d’un pouvoir politique de plus en plus incertain sur le continent.

Le colonel Kadhafi est sorti encore une fois de ses gonds comme à ses habitudes pour demander une réparation et des excuses de la part des européens suite à l’esclavage et à la colonisation. Mais comme le mal est déjà fait, il faut essayer de passer aux choses plus importantes, cher Guide de la Jamahiriya, bien que le devoir de mémoire soit toujours d’actualité. En d’autres termes les africains peuvent pardonner mais doivent refuser d’oublier.

Comme l’a souligné le président Kuffuor du Ghana, l’Afrique veut un “nouveau partenariat fondé sur le respect mutuel”. On coopère avec ceux qui veulent coopérer d’égal à égal, et pour les paternalistes comme Nicola Sarkozy, que j’apprécie pour son pragmatisme mais pas pour ses idéaux politiques, on les oublie. A ce que je sache, la France n’est pas le seul pays européen qui a des intérêts en Afrique, surtout à l’heure actuelle. Son discours controversé qu’il a tenu à Dakar a montré qu’il existe encore aujourd’hui dans le monde des chefs d’Etat qui vivent toujours dans l’esprit du XVIIIeme siècle. Heureusement que tous les Français ne pensent pas comme lui.

Par ailleurs, cette cohésion des pays africains qui s’est fait remarquer à Lisbonne, commence à être fragilisée. En effet, certains pays comme la Cote d’Ivoire ou le Ghana, ont décidé de ne pas s’aligner sur la même longueur d’onde que les autres Etats en ce qui concerne le rejet des Accords de Partenariat Economique (APE). Ces derniers sont une sorte de clauses de libre échange entre l’Union Européenne et les pays africains, qui sont basées principalement sur des accords préférentiels et une ouverture graduelle des marchés au deux niveaux. Mais ceux-ci sont considérés comme de véritables bombes à retardement par les présidents Mbeki d’Afrique du Sud et Wade du Sénégal.  Ce qui présage de nouvelles tensions au sein même des organisations interrégionales comme la CEDEAO ou l’Union Africaine, qui était jusque la plus ou moins uni derrière le rejet des APEs.

Le président Wade et Mbeki appellent les intellectuels africains à s’approprier le débat sur ces accords économiques. Car après tout, en cas de tâtonnement et d’erreurs politico-économiques, comme ça a été souvent le cas avec les ajustements structurels du FMI, les négociations de Doha ou les accords de Lomé et de Cotonou, ce sont toujours les populations africaines et les générations futures qui risquent d’en payer les conséquences. L’Afrique a trop perdu de temps, c’est le moment d’en gagner.

Une saine coopération entre les deux continents reste un élément majeur pour leur prospérité mutuelle. Donc il y a un besoin réciproque de partenariat qui est indéniable. Ce qui fait dire au président Kuffuor que “ l’Europe a autant besoin de l’Afrique que l’Afrique de l’Europe”. C’est en comprenant cela tout simplement que les relations UE-Afrique pourront réellement fonctionner, quitte à ce que les pays africains, réorientent leur boussole, continuent leur virage vers l’Orient et jettent leurs ancres en Chine, en Inde ou à Singapour. Il faut que les dirigeants africains apprennent à faire preuve de realpolitik et de « realeconomik ». Les études actuelles ont montré que le dynamisme économique mondial n’est pas dans le Vieux monde mais bien en Asie. Donc raison de plus d’exiger des dirigeants européens la mise en place d’une “stratégie de développement AVEC l’Afrique” et non “une stratégie de développement POUR l’Afrique”, comme ça a été toujours le cas dans le passé.

3 décembre 2007

Simulation de la Conference sur la securite internationale

Un des meilleurs exercices que j'ai fait de tout mon programme de science Po. Il s'agissait de representer une grande puissance et de traiter un aspect de sa politique de defense. Et moi , I was representing the United kingdom, j'etait un analyste militaire attache au Ministry of Defence(MoD)!!!. Et mon travail portait sur la relation particuliere qui existe entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni, surtout dans le domaine militaire et de la defense. Un exercice que je recommande a tous les professeurs de science Po, et principalement ceux qui sont en Relations Internationales.  Je l'ai fait avec un professeur exceptionnel, que je considere comme le meilleur  en matiere militaire et des etudes de defense; il s'appele Beylerian Onnig.

Si j'arrive a l'uploader alors vous pourrez voir le Powerpoint .

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1 décembre 2007

Guinée - Sénégal - Trafic : Sur la route des trafiquants d’enfants

Afrik.com

10repasDans le nord de la Guinée Bissau, un autocar tout délabré transportant 17 enfants stationne, dans l’obscurité, sur le bas de côté d’une route paisible. Son chauffeur attend de l’autocar en tête de convoi le signal pour traverser illégalement la frontière avec le Sénégal.

Pendant près de 24 heures, ces enfants sont restés sans boire ni manger, alors que le chauffeur attendait, des heures durant, le signal de départ ; mais ce signal n’est jamais venu.

A minuit, le premier autocar du convoi a été intercepté par les forces de police avant qu’il n’atteigne la frontière. Le jour suivant, le deuxième autocar a été arrêté. Quant au troisième et dernier véhicule, il n’a jamais été retrouvé. Les trois autocars convoyaient des enfants de Guinée Bissau vers des plantations de coton du sud du Sénégal où ils étaient censés travailler.

Ce convoi, qui participait à une des trois présumées opérations de trafic de mineurs – impliquant 140 enfants originaires de toutes les régions du pays – a été arrêté le mois dernier par la police bissau-guinéenne. Sept individus – dont un Sénégalais et six Bissau-guinéens – sont actuellement aux mains de la police de Bafatà, une localité du centre-nord de la Guinée Bissau.

Le trafic d’enfants est une pratique courante entre la Guinée Bissau et le Sénégal où – comme dans le reste de l’Afrique de l’Ouest – les frontières sont poreuses. Mais de plus en plus, la police et les autorités locales tentent de réprimer le trafic de mineurs utilisés pour travailler dans les champs de coton de la région agricole du sud du Sénégal ou dans les rues animées de Dakar, la capitale.

« C’est une chose que je fais souvent »

Incarcéré dans un centre de détention de Bafatà – où il n’existe pas de réelle prison – Aliu Mballo est assis à même l’herbe, tout souriant. Il fait partie du groupe d’individus arrêtés dans le cadre du démantèlement de la récente opération de trafic d’enfants, et ne considère pas son acte comme un délit.

« C’est une chose que je fais souvent », a confié à IRIN le jeune recruteur d’une trentaine d’années. Pour lui, le séjour au Sénégal des enfants – âgés entre quatre et 19 ans – leur permet de gagner de l’argent en faisant un travail qu’ils auraient habituellement fait sans être payé. « Les plus jeunes sont affectés aux corvées d’eau et de bois, tandis que les plus âgés travaillent dans les champs. C’est exactement ce qu’ils font chez eux ».

Mais la majorité des enfants de Guinée Bissau ainsi amenés au Sénégal finissent comme talibés – des enfants contraints à la mendicité dans les rues et qui reçoivent en retour un enseignement religieux dispensé par des chefs religieux ou marabouts.

Mendicité et bastonnade

Jorge Menendez* avait probablement une dizaine d’années lorsqu’un marabout, qui connaissait son père, est venu chez eux, à Bafatà, pour l’emmener avec lui. Jorge ne se souvient pas de son âge ou plus exactement du temps passé loin de sa famille ; au moins deux ou trois ans, selon lui. (Les associations travaillant avec les enfants victimes du trafic de mineurs déterminent le temps passé hors de Guinée Bissau en fonction de la maîtrise que ces enfants ont du Wolof, la langue la plus répandue au Sénégal.)

Le marabout avait promis au père de Jorge d’enseigner le Coran à son fils, et le jeune garçon n’avait pas eu son mot à dire. De Bafatà, il a été transporté à Gabù, dans l’extrême est du pays où il a travaillé pendant quelques temps dans une plantation de coton avant de passer la frontière pour entrer au Sénégal. Il a ensuite été confié à un autre marabout de Ziguinchor, la capitale du sud du Sénégal, qui lui a enseigné le Coran.

Quelques temps plus tard, le premier marabout est revenu le chercher pour le conduire dans son daara – ou école coranique – (souvent le domicile du marabout à Dakar.

« J’ai passé tout mon temps à mendier », a expliqué en Wolof Jorge, à IRIN. « Chaque jour, je devais rapporter 350 francs CFA (0,79 centimes de dollar) au marabout ; sinon, j’étais battu. C’est mon pire souvenir ».

Une centaine de milliers d’enfants mendiants

En 2004, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) estimait à quelque 100 000 le nombre d’enfants mendiants au Sénégal (près d’un pour cent de la population), dont la majorité était des talibés. Selon Jean Dricot, représentant de l’UNICEF en Guinée Bissau, la plupart de ces enfants mendiants sont originaires de Guinée Bissau.

« Ils ne vont pas à l’école et n’ont pas accès aux soins de santé. Ils dorment à 40 ou 50 dans une chambre, passent toute leur journée à mendier dans les rues et reçoivent de l’argent qu’ils doivent reverser le soir à leur marabout », a expliqué M. Dricot.

Aujourd’hui, Jorge est de retour dans son pays, grâce à l’action de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de Ginddi, un centre d’accueil public sénégalais, deux institutions parmi les nombreuses autres œuvrant pour le rapatriement des enfants en Guinée Bissau.

Réprimer le trafic

Grâce aux actions de plus en plus importantes des organisations locales et internationales, certains enfants ont pu échapper à cette expérience. Les forces de police affirment être plus vigilantes depuis que la police, les autorités régionales et les responsables locaux ont appris au cours d’ateliers organisés par l’OIM, l’UNICEF et des ONG locales, que les déplacements illicites d’enfants mineurs à l’étranger constituaient un délit. Ce message est passé jusqu’au niveau des villages et les récentes arrestations ont été rendues possibles grâce aux informations transmises à la police par un villageois.

« Nous voulons combattre ce trafic. Nous voulons que nos enfants restent dans notre pays », a dit Ousmane Baldé, agent au service de la protection civile de la section Femmes et enfants de la police régionale de Bafatà. Cette année, la police a intercepté 301 enfants originaires des régions de Bafatà et de Gabù qui se rendaient au Sénégal.

Et le combat a aussi lieu sur d’autres fronts. L’association SOS-enfants talibés tente de combattre une croyance populaire selon laquelle la mendicité forge le caractère d’un garçon en lui enseignant l’humilité ou que faire l’aumône est une obligation pour tout musulman.

« Notre arme [pour convaincre la population] est le Coran. Exploiter les enfants ou les envoyer uniquement dans des écoles coraniques ne sont pas des obligations de l’Islam », a expliqué le coordinateur Malam Bau Ciro dont le père était un maître coranique. M. Ciro a traduit le Coran en portugais, la langue officielle de la Guinée Bissau, afin d’étayer ses affirmations.

Avec l’aide de l’ONG Plan International, l’association SOS-enfants talibés dirige une école où on dispense des cours en arabe et en portugais, le Coran, et d’autres matières classiques comme les mathématiques. Plan International a également construit cinq écoles sur le même modèle et apporte son soutien à 35 autres établissements dans lesquels des maîtres coraniques sont appuyés par des enseignants qui enseignent d’autres matières.

Malgré ces efforts, le trafic d’enfants de Guinée-Bissau continue et serait même en hausse, à en croire certaines associations locales. Dans un rapport publié en 2003, l’UNICEF estimait que chaque année près de 400 000 enfants africains étaient victimes de trafic et étaient employés pour des tâches domestiques, la prostitution, le travail dans les magasins et les champs, ou comme éboueurs ou vendeurs ambulants.

* Le vrai nom de Jorge n’a pas été révélé pour protéger son identité.

26 novembre 2007

Chavez-Ahmadinejad : la nouvelle coalition nucléaire ennemie

chavezLe président vénézuélien Hugo Chavez vient de faire comprendre au monde que son pays a l’intention de développer une technologie nucléaire à des fins pacifiques. En effet, face aux différents problèmes que suscite actuellement le programme nucléaire iranien, il est à envisager que cette décision du président vénézuélien va remettre de l’huile sur le feu déjà allumé par le président Ahmadinejad.

 

"Le Venezuela va aussi développer son programme nucléaire à des fins pacifiques, comme le font le Brésil et l’Argentine", a déclaré Hugo R. Chavez. Cette décision, venant au mauvais moment, est loin d’être une bonne nouvelle pour l’administration Bush. Principalement à cause de la “menace” iranienne persistante.

 

Le président Chavez, comme il l’a démontré lors de ses sorties médiatiques, n’hésite jamais à chaque fois qu’il en a l’occasion de critiquer le président Bush et le peuple américain en général. Présentement en Iran pour une visite à son “frère” et ami iranien, il n’a pas manqué de traiter les Américains d’impérialistes et de renouveler ses menaces économiques vis à vis de Washington.

 

Ce qui fait dire qu’on pourrait s’attendre à une vague de pressions diplomatiques de la part de Washington sur les autorités de Caracas, comme c’est le cas actuellement avec l’Iran. Le président Bush pourrait effectuer une opération similaire de diabolisation et créer un sentiment de menace nucléaire permanente sur ses alliés de l’OTAN. Et la machine de propagande pourra être remise en route pour contrer cette nouvelle “coalition nucléaire ennemie” qui apparait dans l’axe Caracas/Téhéran. La secrétaire d’État américain, Condoleezza Rice, pourrait se voir bientôt charger de cette mission auprès des États alliés des États-Unis dans le sous continent américain.

 

Cependant, le problème qui se pose actuellement, c’est le départ prochain du président Bush (qui ne peut se présenter à nouveau après deux mandats) et l’arrivée au pouvoir, selon l’avis des experts, d’un président démocrate (Hillary Clinton ou Barack Obama). En effet, le fait que la philosophie politique des démocrates ne soit pas axée principalement sur les questions de sécurité et de menace permanente, pourrait être une opportunité pour tous les pays ayant des visées nucléaires, aussi bien pacifiques que militaires, de voir leur rêve se concrétiser d’ici quelque temps .

 

Peut-être que les experts en politique étrangère autour du président Chavez ont decelé cette opportunité et sont prêt à faire preuve de “virtu”, comme dirait Machiavel, pour se doter de cette technologie bénéfique, autant au plan énergétique que militaire.

 

Cependant la question majeure qui se pose actuellement est de savoir si Hugo Chavez devrait être perçu par Washington comme une menace pour le monde, comme l’est à présent le président Ahmadinejad. Si c’est le cas, le prochain gouvernement est-il prêt à proférer des menaces contre le sixième producteur de pétrole au monde (plus de 87 milliards de barils recensés) et l’un des principaux fournisseurs d’or noir des États-Unis (soit 1,5 millions de barils par jour) ?

 

En ces temps de perturbations récurrentes du marché pétrolier, la dépendance énergétique américaine pourrait être l’élément déterminant dans la gestion de cette nouvelle donne de la politique mondiale.


image: AP

18 octobre 2007

Le rush vers Azkaban

rush_to_azkabanOn pourrait bien se demander ce qui se trame actuellement dans la tête des chefs d’États africains. On a l’impression qu’une opération concertée de muselage de la presse est en marche dans le continent.

Au moment où ces lignes sont écrites, des journalistes africains continuent à subir la pression croissante des autorités politiques et les arrestations se multiplient un peu partout. Même au niveau des  États traditionnellement reconnus comme étant des démocraties exemplaires, on note actuellement une fréquence accrue des pressions à l’encontre de la presse. Que cela soit au Niger, au Mali, au Sénégal, en Gambie….la liberté d’expression est en danger actuellement dans ces pays.

Les faits

Moussa Kaka, un journaliste guinéen de la radio Saranouya Fm, a été incarcéré depuis le 27 septembre 2007 pour des raisons d’ordre politique.  D’après les autorités, il serait responsable  de complicité en vue de l’attaque d’un responsable nigérien.  En termes techniques cela signifie : «complot contre l’autorité de l’État».

Il est toujours derrière les barreaux.

Récemment, Reporters Sans Frontières a lancé un appel aux autorités nigériennes pour une libération immédiate du journaliste.

Plus à l’ouest, et précisément au Sénégal, un journaliste du nom de Moussa Gueye (encore un Moussa), chef de publication de l’Exécutif, un quotidien privé sénégalais, continue, lui aussi, à subir les pressions de la police.

Aux dernières nouvelles Moussa Gueye  aurait été transféré à la maison d’arrêt de Dakar, pour inculpation d’«offense en la personne du Chef de l’État».

Le 20 juin dernier, au Mali,  quatre journalistes ont été écroué pour des raisons similaires, c’est à dire pour «complicité d’offense au Chef de l’État»;  Il s’agit de : Sambi Touré, directeur de publication d’Info-Matin, Ibrahima Fall, du Républicain, Alexis Kalambry des Echos, et Haméye Cissé du Scorpion.

Ils auraient publié des articles relatant une partie de la  vie privée du chef de l’État malien, son « Éminence » le General Amadou Toumany Touré.

Même si ces deux derniers pays, sont connus traditionnellement pour être des démocraties exemplaires, les journalistes sont victimes de pressions fréquentes et même parfois d’arrestations qui, pour la plupart sont juridiquement non fondées, mais politiquement teintées.

A quelques kilomètres de là, en Gambie, les représentants d’Amnesty International et un journaliste continuent  à subir les harcèlements des autorités gambiennes. Leur forfait a été de vouloir trop fouiner dans les recoins de l’État gambien,  qui est accusé par plusieurs ONG internationales de mauvais traitements vis-à-vis des prisonniers (principalement politiques), et de non respect de l’État de droit. Aussi, le président gambien est assez souvent accusé de faire des arrestations arbitraires, et des accusations plutôt extravagantes.

La clé d’Azkaban

Ce qui ressort principalement de ce bref  survol, c’est l’argument commun utilisé pour l’inculpation de ces journalistes : «offense en la personne du chef de l’État», «atteinte à la sécurité de l’État», «complicité en vue d’une déstabilisation  de l’ordre public et politique», «atteinte à une haute autorité de l’État», «complot contre les intérêts de la nation»….Ces expressions fourre-tout  , dont seuls les magistrats ont le secret de la conception,  sont les véritables bourreaux des journalistes et des opposants africains.

Il faut remarquer que la stratégie d’intimidation marche à merveille. Si à chaque fois qu’un journaliste africain publie un article compromettant les intérêts d’une autorité étatique, il se voit envoyer une lettre de convocation pour répondre aux limiers, il n’est pas surprenant de voir une certaine appréhension négative quant au traitement de l’information véritable; il existe une certaine méfiance par rapport aux informations qui offrent d’office des tickets en direction d’Azkaban (prison des sorciers dans Harry Potter). C'est-à-dire la vraie information qui donne aux populations une compréhension effective des manœuvres obscurantistes et autres opérations douteuses, qui, rappelons le, aspirent la majeure partie des fonds destinés au développement du continent.  C’est clair que dans ce contexte, il est tout à fait logique de faire en sorte qu’il y ait le moins de bruit possible. On vous comprend très bien chers dirigeants.

De l’enfer érythréen aux paradis béninois

L’Érythrée détient pour le moment le record africain et … mondiale  en ce qui concerne les agressions portées à la liberté de presse : fermeture de toutes les organes de presses privées, arrestations arbitraires de 15 journalistes depuis septembre 2001 (dont 4 sont morts en prison),…arrestations d’opposants,…détention du président du syndicat des étudiants,…etc. A l’heure actuelle, les journalistes vivent l’enfer du coté d’Asmara.

L’Eldorado des journalistes africains restent  pour le moment le Bénin et la Namibie. Dans ces pays, les hommes de presse sont libres de traiter toutes les informations sans jamais être inquiétés. Le Bénin reste, selon le classement RSF 2006,  le pays où la liberté d’expression est presque permanente. La sauvegarde de cet héritage démocratique doit être une priorité pour les dirigeants béninois et namibiens. Et même pourquoi pas considérer cette liberté de la presse, comme un véritable patrimoine national à sauvegarder comme les autres. Ce qui créerait sans doute l’envie  des autres chefs d’États africains et en même temps charmerait la communauté internationale qui ne tardera pas à réagir, notamment en haussant les investissements privés.

A part quelques rares téméraires rompus avec ces stratégies de musellement, comme feu Norbert Zongo (mort assassiné) ou le sénégalais Abdoul Latif Coulibaly (victime actuellement de menaces répétées suite à la publication d’un livre d’enquête compromettant les autorités), la majeure partie des hommes de presse africains jouent actuellement la carte de la prudence. C’est pourquoi il n’est pas facile de trouver des Carl Bernstein ou des Denis Robert en Afrique, et pourtant des Watergate et des Clearstream, il y en a presque tous les jours.

9 octobre 2007

Communique de presse

   

Communiqué de presse

L’attaque des soldats de

la mission de

l’union africaine au soudan 

appelle le deploiement immediat des forces hybrides de l’onu/ua

La Rencontre

Africaine

 pour

la Défense

des droits de l’Homme (RADDHO)
exprime sa vive préoccupation par rapport aux attaques perpétrées contre les forces de maintien de la paix de la mission de l’Union Africaine au Soudan qui ont fait 10 morts, dont un soldat sénégalais.

La RADDHO

condamne avec la dernière énergie cette attaque lâche dont l’objectif inavoué et de compromettre le processus de paix, la sécurité des civiles mais surtout le déploiement des forces hybrides des Nations Unies et de l’Union Africaine au Soudan.

Une enquête doit être immédiatement ouverte par l’Union Africaine et les Nations Unies pour tirer toutes les conséquences de droit de cette attitude criminelle et irresponsable. Tous les acteurs impliqués dans le conflit sont concernés par la recherche de la vérité sur cette affaire.

Enfin cette attaque appelle la coordination des opérations humanitaires, des actions pour la consolidation du processus de paix et la mise en œuvre de la justice pénale internationale.

La RADDHO

recommande :

·         Le déploiement immédiat des forces hybrides de l’union Africaine et de l’ONU, dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1769 ; seul moyen de protéger de façon efficace la sécurité des populations civiles ;

·         La consolidation du processus de Paix sous la supervision de Salem Ahmed Salem et Jan Eliasson ;

·         L’application des dispositions pertinentes de

la CPI

par l’arrestation des soudanais soupçonné d’avoir commis des cimes de guerre et des crimes contre l’humanité ;

La RADDHO

a participé à la mission du Darfour Consortium dans le cadre de la 62ème Assemblée des Nations Unies à new York pour mener une campagne pour la paix au Darfour auprès des membres du Conseil de Sécurité et des délégations présentes à l’ AGNU.

Plusieurs délégations et personnalités ont été contacté (africaines, Union Européenne, pays arabes, Chine, Soudan, etc.) mais également Salim Ahmed Salim Médiateur de l’Union Africaine et Mary Robinson Ancien Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme.

26 septembre 2007

La France : la vraie menace pour Ahmadinejad

Par Elhadji Mor Ndiouga Diop

Charles_de_Gaulle_Porte_Avions_1"La France doit s’attendre au pire" et le pire c’est la "guerre" contre l’Iran. Bernard Kouchner n’a pas prononcé ces paroles pour le plaisir, au fond de ces mots on peut lire un désir caché de la France de reprendre du terrain sur la scène internationale. C’est ce qui explique ces alertes qui tendent de plus en plus vers le rouge.

Nombreux sont ceux qui pensent que s’il doit y avoir bombardement de l’Iran, ce seront les Etats-Unis qui seront les premiers à l’exécuter, d’autant plus que Condoleeza Rice et Georges Bush n’arrêtent pas de multiplier les discours de haine et de mépris contre l’Iran, Etat membre par excellence de l’Axe du mal. Mais à y regarder de plus près, cette possibilité devient de plus en plus faible.

Actuellement embourbés dans le ’bourbier’ irakien jusqu’ à envisager un retrait des troupes, pris au dépourvu par la dextérité des "martyrs" afghans, les GI’S et leur commander-in-chief Georges Bush doivent en avoir marre de ces fedayins sans scrupules. Aussi, au niveau interne, la récession économique augmente le scepticisme vis-à-vis du gouvernement américain. Tout ceci porte à croire que c’est le moment de prendre une petite pause de la part des faucons et autres va t-en guerre de la Pennsylvania Avenue. C’est l’instant idéal pour passer la balle aux copains européens.

Et il se trouve que le meilleur « capteur » européen n’est personne d’autre que Nicolas Sarkozy, le président de la République française, le nouveau chouchou des médias internationaux. Le tempérament de celui ci lui donne le privilège d’être un bon candidat pour continuer la mission de Washington au Moyen Orient. Lui-même ne s’y est pas trompé ; dès son arrivée à l’Elysée, il annonce déjà un caractère plutôt « 007 ». Toujours en action.

La France, à travers son nouveau président, veut se replacer sur l’échiquier mondial en tant que puissance à part entière. Et actuellement, tout porte à croire que le meilleur moyen de le montrer, selon eux, c’est une offensive militaire orchestrée en coordination avec les alliés atlantistes, surtout américain.

Ce qui fait que pris d’un excès de zèle ou simplement ayant fait un « lapsus volontaire », son ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, lui, voit déjà ses F-16, ses B52 et autres machines de guerres dans les mers du Golfe entrain de larguer des missiles sur Natanz, Bushehr ou Téhéran. Mais heureusement que Sarkozy, lui, reste vigilant et n’hésite pas à faire reporter la déclaration de guerre pour un proche futur.

Peut être coïncidence des événements, maintenant ce n’est plus Bush qui répond au président iranien Ahmadinejad, c’est bien Sarkozy qui s’en charge, même sur les tribunes des Nations Unies.

Par ailleurs, il se trouve que l’excitation verbale des hommes politiques français ne se limite plus entre les murs des cabinets ministériels, le discours est passé aux medias et maintenant il commence à être employé au niveau des casernes, comme dans cette base militaire à Angoulême, où le premier ministre François Fillon a fait mention de la « dangerosité » et de « l’extrême tension » de la situation . Ce qui a, sans doute, mis la puce à l’oreille des généraux français comme quoi la bataille est imminente et qu’il faut se "preparer à la guerre" .

Peut être que Sarkozy et Kouchner, ne sont pas assez informés (et ça j’en doute) de l’actualité dans cette région. Car il se trouve que les mollahs et autres ayatollahs se préparent eux aussi au « pire ». Sarkozy devrait demander conseil au Canada qui, rien que pour des missions humanitaires, se voit infliger tous les jours de lourdes pertes tant au plan matériel qu’humain.

Et enfin, il est clair qu’avec cette nouvelle équipe française, le gouvernement américain peut prendre des vacances pour un moment. Car ce qui est sûr et certain c’est que la France de Sarkozy est prête à prendre la relève et elle n’hésitera pas à faire sentir sa force de frappe dans toutes les régions où le national interest français (et même atlantiste) sera menacé.

Image : Porte avion Charles De Gaule.

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